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couverts de villes et rendus étroits par habitation de l’homme, cette incommensurable masse ! Il fallait, pour contenir le dinothérium, les vastes solitudes et les forêts peuplées de grands arbres, dans lesquelles la nature avait placé les matériaux nécessaires à son approvisionnement. Il étoufferait dans notre monde ; il y mourrait de faim. C’est une grande loi de zoologie géographique que la nature proportionne toujours la taille des animaux aux endroits qu’ils doivent habiter. Ces gros êtres supposent donc des milieux également immenses dans lesquels ils mouvaient leur volume solitaire. Tête-à-tête avec le dynotherium, ce géant de la vieille terre, s’élevait un autre colosse que la science a nommé mastodonte. Quoique ce dernier se rapprochât de l’éléphant, il présentait néanmoins des différences de taille et de structure qui le liaient à un ordre de choses plus ancien. La grosseur monstrueuse de ses dents mâchelières, les pointes formidables dont elles sont hérissées, je ne sais quoi d’horrible et de farouche dans son ensemble, tout l’a fait prendre long-temps pour un animal carnivore ; mais la découverte qu’on a faite de son estomac a détruit cette opinion. On a trouvé cette poche immense encore remplie de branches d’arbres concassées. Cet animal aux membres épais se nourrissait en outre de racines et autres parties charnues des végétaux. Ce genre de vie devait l’attirer vers les terrains mous et marécageux ou sur le bord des fleuves. Sa trompe énorme et allongée pompait l’eau avec abondance. Un tel animal eût fini, si l’on ose ainsi dire, par dessécher la terre. Aussi le mastodonte eut-il le sort du