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tagnes ont été produites par des encroûtemens d’eau minérale, des désagrégations de roches, des débris de coquilles ou des édifications de zoophytes lentement accumulées les unes sur les autres, pendant des périodes de repos, on voit s’étendre indéfiniment les jours de cette grande semaine qui devait avoir pour terme l’avènement de l’homme. Réaumur a calculé ce qu’il y avait de coquilles dans un plateau pierreux de la Touraine voisin de sa maison d’habitation, et il en a évalué la masse à cent trente millions de pieds cubes. On voit par là que si le temps donne aux autres causes, comme nous le croyons puissance de modifier la matière, cette action s’est exercée tout à son aise sur la nature qui a précédé le déluge.

À côté du mégathérium vivait le mégalonyx, son frère et presque son émule, quoique de moindre taille : c’était un animal armé d’ongles longs et tranchans, aujourd’hui inconnu sur la terre. Toute cette population d’êtres puissans et lourds était encore surpassée par le dynotherium giganteum dont le nom seul indique assez l’énormité. Ses débris sont plutôt les débris d’un monument que ceux d’un animal. Quand le poète latin disait l’étonnement de la postérité à la vue des grands ossemens qui sortiraient de la terre entrou’verte, grandia ossa, il racontait, sans le savoir, la surprise de nos naturalistes en voyant surnager de la destruction des anciens mondes ces restes gigantesques. Deux très grosses défenses, portées à l’extrémité de la mâchoire inférieure et recourbées en bas, devaient lui donner un aspect sauvage et monstrueux. Quel effet produirait dans nos continens