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mifères terrestres et des poissons d’eau douce. Mais qu’importe ici la nature du désastre ? Que la ligne qui sépare les deux grandes successions de mammifères terrestres soit tracée par le passage violent des eaux ou par tout autre événement, nous n’en voyons pas moins surgir des ruines de l’ancienne nature détruite une nouvelle nature qui la remplace. Après un monde qui finit, voici un monde qui renaît.

Nous touchons à un état de choses plus avancé. C’est ici l’âge adulte des mammifères. Aussi bien quelle puissance ! quels développemens de membres ! quelle grandeur, quoique déjà bien réduite, si on la compare à la taille des anciens reptiles marins ! La terre du moins n’avait jamais vu et ne reverra jamais rien de semblable. Comme ces géans nouveaux s’emparent en maîtres des parties du globe remises à sec par l’Océan, leur ennemi qui bat pour ainsi dire en retraite ! À la tête de ces nouveaux hôtes se place, par sa force et ses caractères monstrueux, un animal qui étonne toutes nos connaissances. À l’ombre de ces conifères gigantesques, de ces palmiers à hautes tiges qui balancent au souffle du vent leurs larges éventails, apercevez-vous debout ou couché lourdement le prodigieux megatherium, recouvert de sa cuirasse osseuse d’un poids énorme, soutenu sur ses membres de derrière comme sur de véritables piliers, déterrant et fouillant les racines avec sa bouche, sorte de machine d’une puissance extraordinaire ? Ce paresseux n’a besoin ni de poursuivre ni de fuir ; l’immobilité est sa force ; il se défend assez par ses griffes menaçantes et par son propre poids. Vienne le cougouar