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pour que cette première manifestation de mammifères terrestres pût se maintenir. L’histoire de la création n’est qu’une suite d’actes et de mouvemens qui renouvellent sans cesse la nature des milieux et la forme de leurs habitans. Soit que les mers troublées dans leurs abîmes par de nouveaux continents qui se soulevaient se soient jetées soudainement sur les terres découvertes et les aient envahies une seconde fois, soit que l’atmosphère ait éprouvé de prodigieux changemens qui aient modifié à leur tour les lois et les conditions de l’existence, soit que ces deux forces aient agi en même temps, toute cette première et étonnante apparition des grands animaux rentra dans les ténèbres dont elle était sortie. Fouillez les couches qui succèdent au gypse, et vous n’en trouverez plus le moindre vestige. Voilà donc encore un âge effacé de la création. Entre les temps que nous venons de traverser et ceux qui nous restent à décrire, le monde avait été de nouveau transfiguré. La découverte de cétacés quelque peu semblables à ceux de nos jours, une baleine, un dauphin voisin de l’épaulard, un animal plus étonnant nommé zyphie, tenant à-la-fois du cachalot, de la baleine et de l’hypéroodon, ont fait croire avec assez de vraisemblance à une invasion de nos continents par les eaux de la mer. Ces animaux marins annoncent en outre la marche continuelle des vieilles formes inconnues à des formes plus récentes que nous connaissons. De savans géologues ont expliqué par d’autres causes que par un débordement des eaux la présence de ces grands animaux marins dans les couches où l’on ne découvrait avant eux que des mam-