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humaines sur la marche de la matière dans les combinaisons organiques de la vie. D’où il suit que la connaissance, même imparfaite, des lois de la nature, est destinée à rejaillir en traits de lumière, sur la connaissance des lois de l’histoire et de la civilisation.

La hardiesse de ces vues soulève sans doute plus d’une objection. On dira que l’esprit de système se joue dans la plupart des doctrines qui visent à l’unité. Ce reproche n’a rien de sérieux : les vérités les mieux établies en science, en morale, en religion, en philosophie, ont commencé par être des systèmes à l’origine ; il a fallu l’épreuve du temps et l’acquiescement de la majorité intelligente du genre humain pour leur faire prendre le rang qu’elles occupent aujourd’hui. Il existe un autre point, en apparence plus vulnérable, sur lequel porteront les attaques de la critique. On objectera que les sciences naturelles ne sont encore ni assez stables dans les principes, ni assez avancées dans leur marche, pour qu’on puisse sans risque appuyer sur elles un ensemble de lois morales et historiques. Tout cela est peut-être spécieux : mais tout cela est faux. Il n’est pas vrai que la géologie, l’embryogénie, la physiologie du cerveau, la médecine philosophique, ne constituent encore que des nouveautés douteuses : la plupart de ceux qui tiennent ce langage ne les ont point étudiées : or, en science, comme ailleurs, il faut s’approcher de la lumière, si l’on veut en être éclairé. Le moyen de se garantir de l’erreur ne consistait ici que dans la sévérité du choix. Parmi les acquisitions scientifiques de notre siècle, toutes celles qui par leur bizarrerie ou