Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus vaste pour le mouvement et pour la destruction. Les premiers grands animaux qui se montrèrent à ce second âge de la terre furent des reptiles. Ils suivent les poissons dans l’ordre des temps et dans l’ordre de nos collections. Ces anciens reptiles appartiennent presque tous au genre du lézard ; mais il s’en faut de beaucoup que nous puissions nous faire une idée de la singularité de forme, du volume et des autres circonstances organiques de ces terribles ancêtres par le petit animal du même nom qui rampe aujourd’hui chétivement le long de nos murs. Le plus grand nombre de ces sauriens primitifs étaient destinés à habiter la haute mer. Leur taille nous paraît gigantesque ; leur peau était une cuirasse formée d’écailles osseuses, pour la plupart imbriquées et distribuées en deux carapaces, dont l’une protégeait le dos, et dont l’autre plastronnait le ventre. Cette armure était proportionnée à leur force. Un tel animal n’a pu vivre et se développer avec ce degré d’audace que sous une température au moins égale à celle des zones torrides les plus ardentes ; et cependant, ce reptile habitait nos climats. Les carrières de Caen en ont fourni des squelettes presque entiers qui, après une nuit et une sépulture de plusieurs siècles, sous les marbres et les couches de calcaire grossier, ont revu subitement la lumière. Si ces grands animaux exhumés par la main de l’homme, avaient pu reprendre le sentiment et la vie en revenant à la surface de la terre, qu’auraient ils dit de notre froide planète ? Auraient-ils jamais pu reconnaître leur patrie dans cette pâle Normandie chargée de brouillards ? De tels êtres n’auraient reparu