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coup-d’œil jeté autour de nous sur ces salles éloquentes, il résulte que notre monde a eu un commencement, et que des progrès dont l’ensemble constitue l’état actuel des choses se sont accomplis, pendant une sombre et indéfiniment longue suite de siècles, sur l’écorce sans cesse croissante du globe que nous habitons.


IV. — Histoire de la Terre.


Au commencement, la terre était une légère vapeur où se jouait une lumière pâle et diffuse. Était-ce, comme le veulent certains astronomes, plus poètes encore qu’astronomes, un fragment détaché du soleil et volatilisé dans sa chute ? Ou bien était-ce une de ces nébuleuses dont l’œil d’Herschell croyait avoir surpris la trace dans le ciel immense, sortes de vapeurs glaireuses et fécondes, qui lui paraissaient être la semence dont la force créatrice se sert pour engendrer des mondes ? Peu-à-peu ce fluide élastique se condensa autour d’un centre brillant qui fut, pour ainsi dire, le noyau de notre planète. De l’état nébulaire, ce monde naissant passa alors à l’état igné. Cependant les siècles s’écoulaient, et par siècles nous entendons ces époques vagues, immenses, éternelles, que l’esprit de l’homme ne peut mesurer. Autour du liquide incandescent une croûte solide se forma. Cette écorce était d’abord mince et fragile : un travail mystérieux s’opérait avec des tressaillemens dans le ventre de