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ces mondes géogéniques ont disparu ; les barrières sont demeurées debout.

Au milieu de ce grand travail qui a préparé et déterminé l’établissement de la vie à la surface de notre planète, la nature a prévu l’obstacle, tantôt comme un moyen de retenir d’immenses forces dans leurs limites, et de les empêcher de tout envahir ; tantôt, au contraire, comme un moyen de les exciter par la résistance des autres forces. Si certains agens de la création eussent été abandonnés au cours naturel des choses, ils se fussent peut-être engourdis dans leur domination paisible, tandis que antagonisme d’autres puissances rivales les maintenait sans cesse à l’œuvre. On voit d’ici la raison de ces luttes qui ont bouleversé à plusieurs reprises l’écorce superficielle de notre globe. Fléaux de près, ces grands ravages, dont l’imagination de certains naturalistes a peut-être exagéré la violence et l’intensité, sont au contraire, à distance des événemens, les agens nécessaires du progrès dans la formation de l’univers terrestre. On se demande si, depuis ces révolutions antiques, la marche de la nature a changé ; si une sorte d’hiatus infranchissable sépare les temps anciens et les temps modernes de la vie ? Les lois qui agissent, chez l’enfant, pendant les âges de formation et de croissance, ne sont plus tout-à-fait les mêmes que celles qui déterminent l’existence de l’homme, après la puberté. Ainsi du monde : quand les lois d’équilibre de la vie furent fixées, la nature ralentit peu-à-peu l’activité des causes qui avaient présidé dans l’origine à l’avénement des êtres. Il faut donc reconnaître dans