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en petit ce que l’humanité est en grand. Si le cercle se rétrécit, les proportions demeurent relativement les mêmes, et ont du moins l’avantage, étant plus restreintes, de devenir plus accessibles à notre faible vue. On peut dire que l’esprit humain, n’ayant encore parcouru à la surface du globe qu’une ère de développement indéterminé, il est pour le moins téméraire, en suivant les traces historiques, de circonscrire sa marche et de lui donner des lois. Comment embrasser par les moyens ordinaires, le mouvement de la civilisation, depuis l’origine du monde, sans rencontrer d’un peuple à l’autre des intervalles qui arrêtent tout court la marche de l’histoire ?

L’absence de monumens authentiques, durant les époques reculées ; les récits vagues et consacrés par la superstition, dont la plupart embarrassent sans cesse les pas de la vérité ; les abîmes de ténèbres, les muettes solitudes où retombe l’esprit humain, après la décadence des sociétés faites, tout cela contribue à décourager les recherches et à troubler le jugement du penseur. Aussi bien n’est-ce pas de front qu’il faut attaquer ces difficultés inabordables. La connaissance des lois générales de la philosophie de l’histoire, demande à être surprise par des voies détournées ; or, ces voies jusqu’ici méconnues, sont celles de l’analogie. Comme la vie de l’humanité échappe par son étendue au cercle de nos observations, il faut étudier les états successifs de la vie d’un peuple, pour rétablir, en les comparant, l’ordre des progrès de la civilisation sur le globe.

Ce n’est pas tout : l’histoire philosophique de