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les chauffe aux plus tièdes ardeurs de notre soleil languissant ; dans les cages à barreaux de fer de sa ménagerie, il enferme les animaux féroces et soumis ; dans les vastes bâtimens du Muséum, il nous montre les dépouilles de la nature morte et conservée par la main des hommes ; dans les salles de géologie, il tient en sa puissance les trésors d’un ancien monde enfoui et retrouvé. L’établissement est une nouvelle arche de Noé où tous les êtres de la création sont représentés. Un professeur commis à chaque sorte de production naturelle veille pour en maintenir et en accroître le dépôt. Un déluge de barbares viendrait à couvrir le monde civilisé des flots de l’invasion et des ténèbres de l’ignorance, que l’univers, actuellement connu, se sauverait une seconde fois, dans l’intérieur de cette arche, et se maintiendrait au-dessus du cataclysme, tant que le Jardin des Plantes demeurerait debout.

Si nous cherchons à résumer l’histoire du Jardin des Plantes, nous verrons que cette création a eu, comme la nature, dont elle est la représentation amoindrie, de véritables époques. À chacune de ces époques se rattache un nom qui la résume et la caractérise ; nous avons ainsi l’époque Gui la Brosse, c’est celle de la fondation ; l’époque Fagon, l’établissement se régénère ; l’époque Buffon, le Jardin des Plantes grandit et se transforme ; l’époque Lakanal, le Muséum d’histoire naturelle se refonde sur une idée politique d’unité ; l’époque Cuvier, l’institution s’accroît et procède sans relâche au solennel enregistrement des choses créées ; l’époque Thiers, la magni-