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sement de ses forces morales, il conserva cependant pour sa famille de tendres et lumineux épanchemens. Honneur aux nobles femmes qui ont entouré de soins cette touchante vieillesse ! Une des consolations de ce patriarche de la science fut de laisser en mourant un fils digne de continuer son œuvre « Nunc dimittis servum tuum in pace, s’écria-t-il. Oui, je m’en vais en paix ; car mon fils sera le sauveur de mes idées, de ces idées que j’ai souvent obscurcies malgré moi par ma faute. » Un fidèle et ancien ami, M. Serres, dont le nom demeurera attaché aux plus mémorables découvertes de ce temps-ci, ne cessa de surveiller les progrès de cette longue et douloureuse maladie que la médecine était impuissante à guérir. La mort seule pouvait y mettre un terme ; la main de Dieu étendit de plus en plus son ombre sur cette existence affaiblie par la pensée, et bientôt tout fut dit. Au chevet de ce lit de douleurs, près de cette grande vie à son déclin, se tenait encore jour et nuit un jeune homme, le docteur Pucheran, qui cherchait à recueillir les dernières paroles sur ces lèvres inspirées, comme les disciples de Socrate sur la bouche mourante de leur maître.

Nous assistions aux derniers honneurs rendus par la science à cette pure et glorieuse existence de naturaliste, qui ne s’est point mêlée au flot politique. L’esprit de parti n’entrait donc pour rien dans les éloges qu’on laissait tomber sur sa fosse ouverte. M. Duméril, son vieux confrère ; M. Chevreul, directeur du Muséum ; M. Dumas, au nom de la faculté des sciences ; M. Serres, au nom de son amitié et de la