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discours raisonnable dans cette suite d’événemens, très réels, qui ont préparé les premiers pas du genre humain sur la terre. Ce silence, le doute où l’on était des lois qui présidèrent très anciennement à la formation du monde, tout cela entraînait l’ignorance des liens qui nous unissent à l’ensemble des êtres créés. Ces liens existent pourtant, et constituent même, selon nous, le nœud d’une nouvelle philosophie de l’histoire. La vie du genre humain, comme celle des sociétés, est enveloppée dans la vie générale du globe terrestre.

Il est vrai qu’avant les dernières découvertes géologiques, dont le génie de Buffon a ouvert la source on ne voyait que nuit immense et profonde, au-delà du berceau des anciens peuples. Moïse seul, le plus inspiré de tous les historiens, fait remonter son récit à l’origine du monde. On assiste avec lui au débrouillement du chaos : mais l’acte de la création, resserré dans l’espace d’une semaine, dont chaque jour enfante, comme par miracle, le ciel, la terre et les animaux, ne nous enseigne presque rien sur l’ordre naturel des événemens antédiluviens, ni sur la liaison de ces faits avec les lois de notre histoire. Aujourd’hui le moment est venu de voir plus clair et plus loin dans le domaine du temps. Une histoire universelle devrait contenir désormais, outre le récit des événemens humains, dont le monde a conservé la mémoire, le tableau des opérations de la nature. Il faudrait passer en revue tout d’abord ces travaux de formation terrestre, qui ont construit le théâtre sur lequel les sociétés anciennes et modernes sont ve-