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trine si imposant nous a paru valoir la peine d’être esquissé. Il y a le Paris des yeux et le Paris de l’intelligence : c’est ce dernier que nous avons prétendu décrire. On voit tout de suite en quoi ce livre se sépare des nombreux ouvrages qui existent sur la grande ville ; on a fait mille fois le tableau des rues et des monumens de Paris, on n’a pas fait jusqu’ici le tableau des idées : nos études, très incomplètes sans doute, doivent retracer quelques-unes des faces sous lesquelles la pensée des civilisations modernes nous apparaît dans cette philosophique miniature du monde. Sans avoir eu le dessein d’écrire l’histoire, il se trouve pourtant que nous en avons fait une ; car la marche de la civilisation dans les grandes villes, répète et éclaire la marche de l’esprit humain dans l’univers.

L’histoire, comme nous la comprenons, est un mouvement d’idées, rendu sensible par des événemens et des hommes. Ce mouvement a pris, depuis plus d’un demi-siècle, le nom de progrès. Or, qu’est-ce que le progrès ? Il faut entendre par ce mot la marche générale du monde vers un état de choses perfectionné, auquel tendent d’un effort unanime la création et l’humanité.

Jusqu’ici l’histoire universelle n’avait embrassé qu’un des temps de la vie de notre monde. Prenant le commencement de ses récits, trop souvent fabuleux, à la naissance de l’homme, ou même à l’établissement des premières sociétés, elle négligeait les âges antérieurs, que lui dérobait un voile de ténèbres. On ne soupçonnait pas encore qu’il y eût matière à un