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L’Europe a donc quinze ans sué sans prendre haleine
Pour qu’un homme, à la fin, mourût à Sainte-Hélène !
C’est là le dénoûment de ce drame profond.
Le peuple maintenant, riant de ce qui tombe,
Nous dit : « Il faut marcher ! » Où va-t-il ? à la tombe.
De tout c’est là le fond.

Soulevez donc le monde avec votre génie ;
Moissonnez, en courant, une gloire infinie ;
Jetez les rois à bas pour monter à leur rang ;
Et vous aurez un jour, si le sort vous seconde,
Pour reposer à l’aise au vaste sein du monde
Un sépulcre plus grand.

Etreinte en son linceul au fond des pyramides,
L’Egypte n’arme plus ses cavaliers numides ;
Que nous reste-t-il donc de ces peuples si hauts
Qui firent tant de bruit en passant sur la terre ?
De vides monumens, dans un lieu solitaire,
Et qui sont des tombeuax !

Le néant est partout ; et la mort elle-même
Sur la bouche des rois est un souffle suprême ;
On s’accoutume à voir ces trépas si soudains ;
C’est le rideau baissé quand la scène est finie,
C’est un de plus tombé dans la mer infinie
Où tombent les humains.