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Passez dans votre ciel, passez, ombres chéries,
Ne vous arrêtez pas sur ces plaines flétries
Dans cet horizon noir !
Mais bientôt, quand l’hiver aura blanchi ma tête,
Je prendrai mon essor, battu par la tempête,
Et j’irai vous revoir !
Alors, recevez-moi dans vos palais humides,
Et nous pourrons errer, le soir, dans les cieux vides,
Sans nous quitter jamais :
Et nous irons ensemble au sommet des collines
Verser le souvenir sur ces âmes divines
Et ces cœurs que j’aimais !
Tu passes en courant, trop rapide nuage,
À peine on voit blanchir et courir ton image
Sur les flots inconstans ;
Mais tel l’homme ici bas y ombre bien passagère.
S’enfuit et disparait dans sa course légère
Poussé par les autans !
Mai 1833.