« Le malheur m’étreignit de ses serres puissantes,
« J’ai dévoré long-temps des larmes bien cuisantes ;
« Mais mon cœur, aux mortels ne s’est pas révélé.
« Qu’ils ne s’arrêtent pas devant mes douleurs vaines ;
« Il faudrait tant souffrir pour comprendre mes peines
« Que je crains d’être consolé !
« Je cherche seulement un calice de rose
« Où mon aile froissée, en tombant se repose ;
« Et quand le jour viendra de m’envoler aux cieux,
« Je voudrais, Chrysalide au corsage d’ivoire,
« M’ensevelir moi-même en un rayon de gloire
« Comme elle en un tombeau soyeux ! »
II
Lorsque l’on vint ouvrir la porte du poète,
Dans ses doigts languissait une lyre muette ;
Un souffle avait flétri sa couronne de fleurs,
Et comme un fruit tombé de son écorce verte,
On voyait commencé sur sa lèvre entrouverte
Un son qu’il achevait ailleurs.