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Le ramier y soupire une plainte fidelle ;
Les vitraux effleurés reflètent l’hirondelle ;
Et sous son toit inhabité,
Les corneilles d’hiver à la voix prophétique
Les oiseaux fatigués d’une course aquatique,
Réclament l’hospitalité.

Son blazoneffacé, ses balcons solitaires,
Ses voûtes se courbant sur des salles austères,
Son front simple et mystérieux,
Ses escaliers obscurs et grimpant en spirale,
Ses cinq tours aiguisant leur flèche orientale,
Tout me charme et parle à mes yeux.

Je crois que depuis peu, venu de Palestine,
Et tirant de son cor une voix argentine,
S’arrête un jeune chevalier :
Que dans ses cheveux noirs le vent du nord murmure
Et que, faisant frémir l’acier de son armure,
Il monte, en tournant, l’escalier.

J’aperçois en esprit la jeune châtelaine,
Entrouvrant, pour le voir, ses fenêtres, à peine ;
Pâle et rougissant tour à tour ;
Laissant baiser sa main, et de ses doigts timides
Otant au chevalier ces pesantes chlamydes
Qu’allège trop souvent l’amour.