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Dans le cœur humain que tu sondes,
Tu t*enfonces sans gouvernail ;
Et comme un plongeur dans les ondes,
Tu cherches l’ambre et le corail ;
Puis tu sors de ta mer béante,
Rapportant dans ta main géante
Un monde qui pense et qui chante :
Ton génie en est créateur ;
Pour éclairer sa nuit sans voile,
Tu fais, quand le soir se dévoile,
Dans son ciel éclore une étoile
Sous chaque souffle inspirateur.

Le roman naquit sous tes pages
Tout palpitant de vérité ;
Et dans chacun des personnages
Tu fais entrer l’humanité.
Jetant le monde dans le drame,
À chaque action qui se trame,
Tu le reproduis ; et ton ame
Se multiplie en demi dieux :
Mais je t’aime encor mieux prophète,
De ce monde atteignant le faîte
Avec deux rayons sur la tête
Et descendant du haut des cieux.