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» Chaque religion, déposant la tiare,
» Baisait les pieds poudreux de moi Corse barbare ;
» Je croyais avoir dompté Dieu ;
» Je croyais : — quand soudain de ce faîte sublime
» Comme un ange maudit qui roula dans l’abîme
» Je me réveillai dans ce lieu !
 
» Aigle, dans l’horizon, peut-être que ton aile
» Reprendra son essor ; mais ma gloire étemelle
» Ne revivra jamais pour moi !
» Pourtant, si je pouvais, comme un pâle fantôme,
» Apparaissant, la nuit, dans mon ancien royaume,
» L’éveiller au son du beffroi ;

» Si mon souffle, ouragan qui la terre enveloppe,
» Balayait, en courant, les trônes de l’Europe ;
» Si ces monarques tant vantés,
» Qui dorment sur la pourpre un sommeil adultère,
» Sentaient à leur réveil notre pied militaire
» Fouler leurs fronts épouvantés ;

» Si jamais… » Mais déjà la nuit devint plus sombre.
On entendit de loin, près des flots et dans l’ombre,
Retentir la voix du geôlier.
L’empereur se leva : la main sur son front pâle,
Il s’avança muet : et la porte fatale
Retomba sur son prisonnier.

Février 1833.