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» En ont pris chacun un morceau.
» Pareil à l’homme-Dieu cloué sur le Calvaire
» J’ai vu se disputer tous les rois de la terre
» Pour les débris de mon manteau.

» Qu’il ose, disaient-ils, s’il est fils de la foudre,
» Descendre de sa croix et traîner dans la poudre
» Les rois, Dieu de l’humanité :
» Et moi, serrant les poings, tout écumant de rage,
» J’essayais… Mais en vain, car, en passant, l’orage
» M’avait pris ma divinité.

» Oh ! ma mère eut vraiment une pitié cruelle.
» Pourquoi m’avoir nourri du lait de sa mamelle ?
» Pourquoi sourit-elle à ma voix ?…
» Mais sentait-elle alors, en devenant féconde,
» Remuer l’avenir et les destins du monde
» Dans son sein enfanteur de rois !

» Et puis mieux vaut encore avoir vécu ma vie,
» Avoir vu de ces rois la vengeance assouvie
» Garder la cage du lion :
» Se réveiller meurtri des coups de la tempête ;
» Et pouvoir dire après, en relevant la tête :
» C’est moi qui fus Napoléon !