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» Comme toi, je naquis au milieu des orages,
» Dans de noires forêts, sur des rochers sauvages,
» Le vent balança mon berceau ;
» De là je m’élançai ; mais le ciel infidèle
» Me laissa, pour punir une gloire immortelle,
» Tomber vivant dans le tombeau.

» Ombre d’un empereur, je survis à moi-même,
» Comme si d’un seul coup, le sort, ce roi suprême,
» N’eût pu me courber sous sa loi ;
» Ou bien si l’Éternel, inventant un supplice,
» Eût mis, pour châtier ma royale injustice,
» Les mers entre ma gloire et moi !

» J’attelais à mon char la victoire essoufflée,
» D’orgueil et de fureur cette cavale enflée
» Bondissait sur l’airain bravé ;
» Mais, le flanc tout couvert de sueur qui ruisselle,
Un jour elle abattit, avec une étincelle,
» Ses quatre fers sur le pavé.

» En la teignant de sang j’ai fait de ma casaque
» Une pourpre de rois : l’Anglais et le Cosaque