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Je l’ai long-temps rêvé ce songe de la vie
Qui nait avec l’enfance et commence au berceau ;
Cette félicité que tout mortel envie,
Et qui par ses désirs vainement poursuivie,
L’abandonne au tombeau.

Un soir, c’était le temps où la saison nouvelle
Rajeunit des forêts l’ornement qui n’est plus,
Sous des tilleuls en fleurs une blanche chapelle
Élève un front modeste ; et son silence appelle
Mes pas irrésolus.

Je priais : quand bientôt une main salutaire
De mes yeux obscurcis souleva le bandeau ;
Et de mes désirs vains, des peines de la terre
Je sentis à mes pieds, dans la nuit solitaire,
Tomber le lourd fardeau.

Lors je connus le monde et sa cause première
Libre de ses liens, enfin mon pur esprit
Se rapprocha du verbe ; et vit dans sa lumière
Ce qui rattache l’homme à cette fin dernière
De tout être qui vit.