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Je me lève, je sens pour venger les humains.
Des ongles de lion qui me viennent aux mains ;
Et ma bouche, mâchant la poudre et l’anathème,
À la tête des rois crache le trépas même.
Je suis tel ; jamais l’or en tombant de leurs doigts,
Ne me fera, pour eux, trahir ce que je dois ;
Les pieds sur l’échafaud, le cou dans la machine,
Attendant qu’un couteau me tombe sur l’e’chine ;
Quand on déchirerait mon corps par la moitié ;
Quand un tyran ému, quand le peuple en pitié,
Crieraient : — rétracte-toi, poète ! Grâce ! trêve !
Regardant le bourreau, je lui dirais : — achève ;
Je m’aime mieux sans tête et cadavre ignoré,
Que d’avoir à porter un front déshonoré.


Au reste, l’auteur de ce livre regardera toujours avec gravité les hommes et les choses : il n’a de haine pour personne. Il n’attaquera jamais que ce qui tend à matérialiser la pensée, à pilorier l’intelligence, et à paralyser la marche du progrès. Il n’a point pris part dans les querelles politiques qui se remuent autour de lui, parce qu’il les a trouvées trop petites en les mesurant avec les hautes questions de droit, de sociabilité et de perfection. Qu’est-ce qu’un homme auprès d’un principe ?