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ministère, un sacerdoce, une fonction divine et sociale. Solenniser les hautes révélations du culte, se souvenir que la lyre est un sceptre pesant qu’il faut porter par devoir, et le trépied un autel qu’il faut monter par sacrifice, faire retentir dans les âges cette voix solennelle de Dieu dont les lèvres du poète sont dépositaires, être l’écho de toutes les doctrines de vie, de révélation et d’avenir, devenir le prophète qui, plein de la divinité, va créant des dieux theopoïetes ! Tel est le devoir du poète et la haute dignité de l’art !

La poésie a toujours été conservatrice des idées nobles et religieuses. Dans ce temps où les âmes sont plus ou moins hâlées par le doute et le cynisme, c’est dans quelques recueils de poésies ignorés de tout le monde qu’on retrouve des cœurs tels qu’on les veut. C’est à l’ombre de la poésie que croît une génération forte qui ne ressemblera pas à ses pères, qui se liera d’affection avec le christianisme comme avec un ami trouvé sur la borne du grand chemin, qui fera route avec lui dans un épanchement de sympathies, et qui le quittera au bout du pèlerinage en lui serrant la main.

La poésie historique ou politique est maintenant la plus à la mode : c’est même la seule qui