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Un ange soulève son voile :
Sur sa tête brille une étoile :
Des larmes tremblent dans ses yeux.
De la muse c’est la rivale,
Et sa voix en ces mots s’exhale
Comme un soupir mélodieux :

— Je suis la vierge du poète :
Sa voix en son ame inquiète
Souvent cadença des sanglots :
Et dans mes plus beaux jours de fête,
Si des fleurs brillent sur ma tête,
Je les cueille près des tombeaux.

Mon luth, quand un souffle l’effleure,
De loin semble une voix qui pleure
Et qui sait aussi consoler ;
Si tu veux, prends ce don magique :
Mais crains qu’un jour, mélancolique
Tu ne veuilles me rappeler :

Car si jamais ta main le touche,
Écoute l’aveu de ma bouche,
Moi, je ne le reprendrai plus :
Si pourtant sa corde plaintive
Ton ame, en résonnant, captive,
Fixe tes vœux irrésolus. —