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Vois, dit-elle, je suis la muse.
Le poète avec moi s’amuse
Dans les bras de la Volupté.
Ami, je te donne ma lyre :
Le dieu d’Amour seul y soupire :
Ses accens sont pour la gaîté.

Séduit par la taille légère
De cette vierge peu sévère,
J’allais recevoir son présent ;
Et déjà ma lèvre timide
Déposait un baiser humide
Sur son sein rose et frémissant.

Lorsque bientôt, sous la feuillée,
Une autre vierge échevelée
Conduit ses pas mystérieux :
Autour de son beau cou d’albâtre,
Et sans ornement idolâtre,
Pendait un luth silencieux.

Ses pieds ne laissent point de trace
Le myrthe au cyprès s’entrelace
Sur son front à demi penché :
Et de son aile qu’elle agite
Au milieu des airs qu’elle irrite,
Un doux parfum s’est épanché.