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Une aïeule berça mon enfance première,
Mais à peine mon cœur commençait à l’aimer,
Que son front a pâli sous le lin mortuaire,
Et que sur le bois neuf de sa funèbre bière
J’ai vu la terre se fermer.

Ma cousine était belle en sa couche branlante ;
Ses yeux levés au ciel n’avaient vu qu’un hiver,
Lorsque sous un baiser d’une lèvre brûlante
J’ai vu sécher soudain, sur sa tige tremblante,
Ce bouton à peine entrouvert.

Et je suis resté seul ; mais leur ombre chérie
Dans le calme du soir m’apparaît sans remords ;
Je vais souvent prier sur une herbe fleurie :
L’enclos du cimetière est déjà ma patrie,
Et ma fête est celle des Morts.


Novembre 1831.