non pas les citoyens (liv. IV, chap. vi. Ils proscriront l’argent dont l’effet est de grossir la fortune des hommes au delà des bornes que la nature y avait mises, d’apprendre à conserver inutilement ce qu’on avait amassé de même, de multiplier à l’infini les désirs et de suppléer à la nature, qui nous avait donné les moyens très bornés d’irriter nos passions éî de nous corrompre les uns les autres. » L’éducation dans cette république tend avant tout à inspirer l’amour de la frugalité. Il y a, il est vrai, des démocraties commerçantes. Mais il faut que les lois « y divisant les fortunes à mesure que le commerce les grossit. » La loi ne doit « donner à chacun que te nécessaire physique. » Le luxe, en effet, c’est le travail des autres ; on ne s’enrichit qu’en enlevant à une partie de ses concitoyens leur nécessaire physique. Si les partages qui ramènent l’égalité sont dangereux, c’est « comme action subite ; » ils sont donc bons en soi. Malheureusement, ces institutions salutaires ne sont possibles que dans de petites républiques, et les États se corrompent iné-
ponsable de toutes les souffrances non méritées par une faute. Telles sont les doctrines répandues avec les meilleures intentions par un grand nombre de philosophes spiritualistes ou idéalistes, et accueillies avec candeur dans les salons parisiens, où une « sensibilité » heureusement plus féconde en œuvres, mais non moins prompte aux entraînements théoriques que celle du xviiie siècle, est furieusement à la mode. On assimile généralement le monde humain à une Dension qui ne saurait être bien tenue que si personne n’y souffre sérieusement et si les satisfactions et les désagréments correspondent exactement aux bons points et aux mauvais points mérités. L’Etat est le sous-principal de la Providence. Ces philosophes ne sont pas orthodoxes ; ils oublient du Christianisme le péché originel, les compensations dé l’autre vie et tout l’ascétisme ; mais ils se-croient, ils sont partiellement dans la tradition chrétienne et cela les tranquillise, eux et leurs auditeurs. C’est avec la même sérénité qu’au début de la Révolution, des parrains et des marraines s’engageaient au nom de l’enfant (un petit Robespierre), à « reconnaître parmi les hommes l’égalité que la nature y a mise et que l’Evangilé a consacrée », et que les paroissiens du curé Joseph Le Bon l’écoutaient prêcher sur ce texte : Esurientes implevit bonis et divites dimisit inanes.