Morus et qui éclata sous forme de guerre civile et religieuse en divers pays germaniques sous le nom d’Anabaptisme. Nous avons ensuite considéré attentivement, malgré ses effets limités au pays napolitain, et même à une petite partie du Napolitain, malgré son avortement, la révolution tentée par Campanella, contre le gouvernement espagnol avec la théorie communiste de la Cité du Soleil pour drapeau, épisode tragique, beau sujet de drame ou d’opéra, mais qui a pour nous cet intérêt que des idées essentielles à la monarchie de droit divin — hégémonie universelle au dehors et propriété universelle au dedans — s’y dégagent peut-être aussi nettement pour la première fois. Nous en venons maintenant à la Révolution française, dont nous ne séparons pas le mouvement socialiste du xviiie siècle, et nous nous proposons de déterminer dans quelle mesure cette crise prolongée, qui paraît d’abord avoir été presque exclusivement politique, a été une crise sociale, si bien que la révolution de 1848 n’en est, à nos yeux, que la reprise et l’annexe. Nous cherchons à travers les faits une loi, nous voudrions dégager la courbe de ces périodes troublées, nous aimerions à pouvoir retracer les actes principaux de ces drames de l’histoire où l’on voit, ce semble, un idéal de bonheur se former à l’état de rêve, puis prendre consistance dans un plan politique, le plus souvent irréalisable, qui rallie des adhésions et soulève des oppositions passionnées, jusqu’à ce que la lutte s’apaise et qu’on se trouve en présence de résultats modestes, disproportionnés aux sacrifices consentis, très différents des métamorphoses espérées, et que la marche pacifique des choses aurait amenés d’elle-même, tôt ou tard, peut-être un peu plus tôt. Bref, tout grand désir collectif impliquerait, comme la passion individuelle à son paroxysme, l’appel à des moyens contradictoires et la négation de son objet. La vio-
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