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l’a adopté en partie et en a fait la base des institutions cénobitiques et des sociétés cléricales qui se sont substituées peu à peu aux cités romaines jusqu’à ce que l’Eglise dans son ensemble, ou la Catholicité se substituât à l’Empire. Alors le socialisme a été abandonné ; bon instrument de dissolution, il était incompatible avec un état social organique. — Il a reparu à la Renaissance dans l’œuvre d’un lettré, l’Utopie de Morus, et les anabaptistes ont tenté tumultueusement de le réaliser en Allemagne peu de temps après. — Çà et là rappelé au cours du xviie siècle, comme un idéal de perfection chrétienne par des moines et des évêques, il inspira au xviiie la politique de Rousseau et d’un grand nombre de philosophes en opposition avec les Economistes. Il est un des facteurs de la Révolution française dont la conspiration de 1796 est l’épilogue naturel. Babeuf continue et achève Robespierre. — Enfin du début de ce siècle à 1830, il s’est peu à peu reconstitué sous une forme nouvelle et a joué un rôle, vous savez lequel, dans les événements de 1848. Laissons de côté le réveil des mêmes doctrines auquel nous assistons et essayons de discerner, à travers ces manifestations successives, quelle est la caractéristique du socialisme et quelles causes le font naître et le ramènent, quels effets il produit d’ordinaire.


II


1° LE SOCIALISME ET LA FIN DES CITÉS GRECQUES


Platon est très préoccupé des dangers de l’extrême richesse et de l’extrême pauvreté. Le riche, dit-il, est