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l’Empire ; Sylvain Maréchal continua sa carrière littéraire ; Choudieu fut chef de division au ministère de la guerre, enfin Buonarroti, mis en surveillance après sa libération par le premier consul, se réfugia en Suisse, puis en Belgique, rentra en France en 1830 et vécut jusqu’en 1837. Partout il exerça une propagande active pour ses théories sociales ; fort engagé dans la Charbonnerie, il servit de lien entre les ventes françaises et les ventes italiennes. Il eut, comme carbonaro, quelque influence sur Cerclet, l’un des principaux rédacteurs du Producteur Saint-Simonien (1825). Son livre, où il racontait la conspiration non sans talent, sema en France, à partir de 1828, des germes de communisme qui transformèrent le parti avancé d’opposition en parti socialiste révolutionnaire. En 1831 le parti qui s’appelait des Droits de l’Homme adopta pour programme la Déclaration des Droits de 1793. Cavaignac, plus rigoureux, voulait aller jusque celle que Robespierre avait proposée aux Jacobins. Le manifeste de ce parti est pénétré de formules babouvistes. « Nous avons bien moins en vue un changement politique qu’une refonte sociale… Notre but… c’est la répartition égale des charges et des bénéfices de la société, c’est l’établissement complet du règne de l’Egalité. » Le procès de 1834, en soumettant au régime commun de la prison les nombreux accusés de l’insurrection d’avril, favorisa la propagande de Buonarroti parmi eux. « Son livre fut lu, étudié, et fit des prosélytes. » Il inspira le journal secret du parti, l’Homme libre. La société secrète des Saisons visa nettement à une réforme sociale et se proposa dé créer « un pouvoir dictatorial avec mission de diriger le mouvement révolutionnaire[1]. » C’est ainsi que

  1. Seignobos, Histoire politique de l’Europe contemporaine, 1897, p. 127, et Thureau-Dangin, Hist. de la Monarchie de Juillet, t. VI, p. 107.