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sur-Mer, l’ami de Babeuf dans la prison d’Arras, et qui lui resta fidèle jusqu’à la fin ; Julien Desarmes ; Didier, membre du directoire secret ; l’ex-adjudant général Jorry ; le journaliste Lebois ; Félix Le Peletier, le Mécène des Babouvistes ; Marchand Ricord, l’ex-conventionnel qui servit d’ambassadeur pour l’entente in extremis du 18 floréal ; le tailleur Tissot, chez lequel Babeuf fut pris ; Vannec, agent général auprès des troupes, et le maniaque Varlet. S’il n’y manquait les ex-conventionnels et Bertrand, tués dans l’affaire de Grenelle, et Buonarroti toujours en prison, presque tout le personnel de la conjuration serait là. Parmi les chefs et les orateurs nous trouvons l’inévitable Drouet et Félix Le Peletier. La société a un organe officieux à qui la commission exécutive qui s’appelle modestement commission d’instruction publique – encore un cercle d’études sociales ! recommande la plus grande prudence. Cet organe est le Journal des hommes libres ; il est rédigé par Antonelle.

Voyons maintenant le programme de ces « derniers Jacobins. » Ils ont le souvenir très présent du procès de Vendôme et du principal considérant de la condamnation de Babeuf. Aussi affirment-ils hautement leur respect pour la Constitution de l’an III. « Le Journal des hommes libres, du 28 messidor, proteste de son côté et en bons termes contre la supposition qu’aucun républicain voulût rétablir la Terreur et relever la guillotine qui ne profiterait qu’au royalisme. » Mais, dans la séance du 26, Félix Le Peletier déclare que les sociétés politiques sont « la pensée du peuple, » et fait décréter en principe la formation d’une commission qui présentera « des mesures de salut public[1]. » C’est la dictature collective et le comité insurrecteur qui réapparaissent.

  1. Même article, p. 395.