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que tous les révolutionnaires ensemble et que leur gouvernement dictatorial était diablement bien imaginé. Tout ce qui s’est passé depuis que ni les hommes, ni le Gouvernement ne sont plus, justifie peut-être assez bien l’assertion. Je ne suis pas du tout d’accord avec toi qu’ils ont commis de grands crimes et fait périr bien des républicains. Pas tant ! je crois. Je n’entre pas dans l’examen si Hébert et Chaumette étaient innocents. Quand cela serait, je justifie encore Robespierre. Ce dernier pouvait avoir à bon droit l’orgueil d’être le seul capable de conduire à son vrai but le char de la Révolution. Des brouillons, des hommes à demi-moyens selon lui et peut-être aussi selon la réalité, de tels hommes, dis-je, avides de gloire et remplis de présomption, peuvent avoir été aperçus par notre Robespierre, avec la volonté de lui disputer la direction du char. Alors celui qui avait l’initiative, celui qui devait avoir le sentiment de sa capacité exclusive, a dû voir que tous ces ridicules rivaux, même avec de bonnes intentions, entraveraient, gâteraient tout. Je suppose qu’il eût dit : « Jetons sous l’éteignoir ces farfadets importuns et leurs bonnes intentions, » mon opinion est qu’il fit bien. Le salut de 25,000,000 d’hommes ne doit point être balancé contre le ménagement de quelques individus équivoques. Un régénérateur doit voir en grand. Il doit faucher tout ce qui le gêne, tout ce qui obstrue son passage, tout ce qui peut nuire à sa propre arrivée au terme qu’il s’est prescrit. Fripons ou imbéciles, ou présomptueux, ou avides de gloire, c’est égal : tant pis pour eux ! Pourquoi s’y trouvent-ils ? Robespierre savait tout cela, et c’est en partie ce qui me le fait admirer. C’est ce qui me fait voir en lui le génie où résidaient de véritables idées régénératrices !…

« Je ne crois point encore, avec et comme toi, impolitique et superflu, d’évoquer la cendre et les principes de