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« avec empressement » par Amar, ex-conventionnel, et les autres conjurés, que par conséquent ils répondent aux dispositions spontanées des membres du comité. Le but prochain de son action devait être le rétablissement de la Constitution de 1793 et l’adoption de la véritable égalité. Seulement, comme cette adoption exigeait l’intervention de « la force du peuple, » on reconnaissait qu’elle devait être prudemment préparée et de loin. Quant à la forme que devait revêtir le pouvoir nouveau, Amar proposait de rappeler les conventionnels et de considérer la Convention comme le seul pouvoir légal. Dès ce jour, le mot de dictature fut prononcé par Debon ; on l’écarta, pour s’en tenir à l’établissement d’une autôrité provisoire nommée par les « insurgents » : distinction assez subtile.

L’embryon de conjuration ainsi formé semblait n’avoir plus qu’à se développer, quand une crise l’emporta tout à coup. C’est Héron, un des principaux agents de l’ancien Comité de sûreté générale, qui provoqua cette crise. Il avait conçu contre Amar, en raison de son rôle dans la révolution de Thermidor, une haine implacable. « Malade, mourant[1], à peine apprend-il que des républicains placent en celui-ci quelque confiance, qu’il se hâte de mander Félix Le Peletier, le conjure au nom de la Patrie de les en éloigner et le charge de le leur peindre sous les couleurs les plus effrayantes. Le vœu de Héron ayant été rempli, le Comité fut immédiatement dissous[2]. » Tout était à recommencer.

D’autres tentatives d’organisation se produisirent sur divers points de Paris avec le même personnel, auquel

  1. Il était alors caché chez la concierge du château de Versailles. Félix Le Peletier habitait la même ville et on pense qu’il recourut plus tard au même abri.
  2. Buonarroti, t. I, p. 95.