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ou Patriotes de 1792), « ceux qui croyaient qu’il était du devoir des véritables amis de l’égalité de sonner l’alarme et de conduire le peuple au recouvrement de ses droits. » Le dissentiment portait, comme on le voit, non sur la doctrine, mais sur l’opportunité d’une action immédiate. Par le titre de son livre (Conspiration pour l’Egalité dite de Babeuf), Buonarroti montre nettement que Babeuf ne fut d’abord pour les contemporains informés que l’un de ces Egaux, un des soldats de la restauration jacobine, un des ennemis irréconciliables et intransigeants d’un état de choses où les lois toléraient qu’il y eût des riches et des pauvres[1].

  1. C’est à la prison du Plessis que la plupart des futurs conjurés se rencontrèrent pour la première fois. Nous y voyons Baude, Bertrand, Fillon, Duplay, Bodson, Fontenelle, Claude Fiquet, Massart, Bouin, Moroy, Vannec, Jullien de la Drôme (le fils), Gouillard ou Goullard, Révol, Julien Desarmes, Maillet, Germain, Buonarroti, Babeuf et plusieurs membres des Comités ou tribunaux révolutionnaires des grandes villes. Il ne manque de noms importants à cette première liste que ceux de Debon, de Darthé, de Didier, de Félix Le Peletier, de Sylvain Maréchal et d’Antonelle (Buonarroti, t. I, p. 53). Buonarroti a dissimulé sous des anagrammes les noms des conjurés qui vivaient encore en 1828. Quelques-uns ont résisté aux efforts de G. Charavay et aux nôtres ; par exemple, dans ce premier groupe, Golscain ou Gloscain. Mais le plus grand nombre est pénétré. Le passé de ces hommes nous aidera à fixer le véritable caractère du mouvement.