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arrêté par l’ordre du Comité de sûreté générale, avec le président du club et les secrétaires (22 vendémiaire an III). Merlin de Thionville crut devoir entretenir l’Assemblée de ces faits. Il apprend à la Nation, dit-il, que tandis que nos armées terrassent l’ennemi de l’extérieur, le Comité de sûreté générale continue à faire la guerre aux intrigants de l’intérieur et que Babeuf, qui a déjà été condamné aux fers, qui a osé calomnier la Convention, est incarcéré (5e incarcération).

Relâché par le Comité au bout de quelques jours, le 26, Babeuf change le titre de son journal, qui devient le Tribun du Peuple ou le Défenseur des Droits de l’Homme mais qui par le numéro donné à la première feuille (numéro 23), s’annonce comme le continuateur de la Liberté. Imprimé clandestinement à des dates irrégulières, le Tribun échelonnera ses vingt numéros, du 14 vendémiaire an III (4 octobre 1794) au 5 floréal an IV (25 avril 1796), c’est-à-dire jusqu’après la séparation de la Convention, la proclamation de la Constitution de l’an III et l’entrée en fonctions du Directoire. La préparation et l’accomplissement de ces actes[1] déchaîna les fureurs de la presse même républicaine et la voix du Tribun ne manqua pas à ce concert d’outrages. La Constitution de l’an III allait opposer à la Déclaration des droits une Déclaration des devoirs et celle-ci dira, article 8 : « C’est sur le maintîen des propriétés que repose tout l’ordre social. » Bien que faisant nominalement partie du souverain[2], les non-propriétaires ne feront pas partie du corps politique ; celui qui ne payera pas une contribution

  1. On projeta d’abord d’ajouter des lois organiques à la Constitution de 1793 et on nomma à cet effet une commission dont les travaux, commencés le 17 floréal an III (6 mai 1795), soulevèrent une vive émotion.
  2. Subtile distinction de Rousseau, Contrat social, livre III, chap. iii et iv.