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navant d’envisager la mort d’un œil satisfait. Toutes les proclamations de la municipalité de la ville de Roye furent rédigées par lui pendant cette période. Enfin, d’août à octobre 1790, il fonda à Noyon le Correspondant Picard, qui fut jusqu’à la fin de 1791 le centre dit mouvement révolutionnaire pour toute la région.

Maintenant ce ne sont plus seulement les nobles, ce sont tous les riches qu’il rêve de déposséder.

En septembre 1791, il se rend à Beauvais, où vont avoir lieu les élections à l’Assemblée législative. Un ancien prêtre, Coupé, était candidat. Dans un manifeste aux électeurs : « Qui faut-il choisir ?[1] » Babeuf paraît bien avoir combattu la candidature de Coupé. « Le charlatanisme et l’intrigue se pareront à vos yeux des couleurs du patriotisme et de la vertu… Tenez-vous en garde contre des apparences trompeuses. Les ennemis et les amis de la liberté, dans les circonstances où nous sommes, se présenteront à vous avec les mêmes dehors, et parleront le même langage, avec cette différence peut-être, que les premiers tiendront de leur ancien genre de vie et des vices mêmes de l’éducation, le talent d’attirer votre confiance par des paroles plus insinuantes et par des manières plus aimables. Pour vous défendre de toute surprise, examinez bien attentivement le fond de leur conduite, comparez les actions aux paroles, arrêtez-vous à rapprocher si tout ce qu’ils ont déjà dit à valu ce que d’autres moins discoureurs ont pu faire. L’homme ne se détache pas tout à coup de tous les avantages qui pouvaient flatter son orgueil, de tous les préjugés qui ont dirigé toute sa vie. En dépit de toute la pompe de leur patriotisme nouveau, beaucoup de gens sont encore ce qu’ils étaient. Les événements, les moyens de parvenir sont

  1. Collection Charavay. Cet appel est du 8 septembre 1791.