Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vues générales sur les moyens qu’il convient d’employer pour la solution des problèmes pratiques : la méthode des arts est-elle la même que celle des sciences ? voilà ce que nous avons d’abord à nous demander.


II


Dérivées de l’impulsion primitive qui tend au maintien et à l’extension de la vie, en rapport normal avec les émotions qui en accompagnent le cours, toujours prêtes à profiter des événements ou à s’en défendre, les pratiques ont nécessairement pour centre l’intérêt d’une conscience collective et tendent à y subordonner tout le reste. Or le champ de la vie pour une conscience, c’est l’avenir. Leur raison d’être est de correspondre par des décisions de lointaine portée et de longue échéance à des faits reculés dans l’espace et dans le temps, et leur ambition est d’imprimer aux actes humains une efficacité aussi assurée que les connaissances scientifiques sont certaines. Mais l’avenir même le plus rapproché est-il accessible à une prévision absolument infaillible ? Le monde est grand et les forces en jeu dans le milieu cosmique sont trop nombreuses et trop enchevêtrées pour que les données des problèmes pratiques un peu complexes soient toutes présentes à la fois à l’esprit de l’individu ou du groupe délibérant. À plus forte raison l’avenir lointain, champ

    domaine de l’action qu’à la morale. Elle dédaigne les habiletés pratiques comme les sciences positives. Nous pensons que l’art suprême de la conduite est en connexion organique avec tous les autres et la philosophie spéculative avec toutes les sciences. Il faut refaire l’unité dans les deux domaines.