Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

an II), et qui réduisaient l’instruction à la fréquentation des séances des comités révolutionnaires, du projet de Bouquier par exemple qui, très goûté à la Convention et aux Jacobins, s’inspirait de l’hostilité inaugurée par Rousseau contre la science et les livres et proscrivait à jamais toute idée de corps académique, de société scientifique, de hiérarchie pédagogique… » « Les sciences spéculatives, disait Bouquier, détachent de la société les il individus qui les cultivent. Les nations libres n’ont pas p besoin de savants spéculatifs dont l’esprit vague constamment par les sentiers perdus… Les véritables écoles, les plus belles, les plus utiles, les plus simples, sont les séances des comités. La Révolution, en établissant les fêtes nationales, en créant des sociétés populaires, des clubs, a placé partout des sources inépuisables d’instruction. N’allons pas substituer à cette organisation simple et sublime comme le peuple qui l’a créée, une organisation factice, basée sur des statuts académiques qui ne doivent plus infecter une action régénérée » Ces idées comptaient il est vrai de nombreux partisans et elles avaient été applaudies aux Jacobins dès 1791. Mais elles ne prévalurent pas. Nous parlons du projet de Le Peletier et de celui de Rabaut-Saint-Etienne repris par Robespierre.

Instrument de nivellement, disions-nous : voici un passage du projet de Le Peletier « Depuis longtemps elle est attendue, cette occasion de secourir une portion nombreuse et intéressante de la société ; les révolutions qui se sont passées depuis trois ans ont tout fait pour les autres classes de citoyens, presque rien encore pour la plus nécessaire peut-être, pour les citoyens prolétaires, dont la seule propriété est dans le travail. La féodalité est détruite, mais ce n’est pas pour eux, car ils ne possedent rien dans les campagnes affranchies. Ici est la