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député du Jura, ayant publié une brochure intitulée : « Impôt sur le luxe et les richesses établi par les principes qui doivent régir le législateur républicain, » Clavière, ministre des finances, s’empare de l’idée et le 1er février présente un rapport à la Convention où il reconnaît que la proposition de Vernier est conforme aux

    les mêmes vues que le même Joseph Le Bon faisait dresser dans chaque district cinq jours après les lois de ventôse, la liste des principaux contribuables de chaque commune divisés en catégories selon le montant de leurs impositions (14 ventôse an II, 4 mars 1794). Lettre du même jour « L’ex-président de Madre est riche, il a des talents. Le comité de surveillance voudra donc bien me faire part des preuves de civisme qu’il a données pour n’être point mis en état d’arrestation comme les autres individus de sa classe. J’attends demain ces renseignements. »
    Dans la Haute-Loire, des colonnes volantes, commandées par des chefs sans mandat, avaient parcouru le pays ; le conventionnel Pierret chargé d’une enquête après Thermidor raconte ce qui suit : « Plus de 2,000 plaintes et demandes en restitution de taxes révolutionnaires perçues les armes à la main m’ont été faites ; l’ordonnance de paiement était conçue en peu de mots : Il est enjoint à X… en vertu des pouvoirs qui me sont donnés, de payer la somme de 500 livres dans les 24 heures, peine du double passé ce délai et d’avoir chez lui 50 volontaires à discrétion pendant plusieurs jours. »
    Arrêté de Joseph Le Bon provoqué par l’exécution de onze Auvergnats (12 décembre 1793) « Considérant que parmi les prévenus de délits contre la République, il importe surtout de faire tomber les têtes des riches reconnus coupables, le citoyen Joseph Le Bon arrête que le tribunal criminel établi à Arras, jugera d’abord révolutionnairement les personnes distinguées par leurs talents et leurs richesses et que les autres seront ajournés jusqu’après le jugement des premiers. »
    Ce groupe de faits n’a qu’un faible lien avec la lutte contre la féodalité. Le Comité de salut public, et en particulier Robespierre, n’ignorait rien de tout cela ; Fouché envoyait ses arrêtés à la Convention. Après les exécutions de Lyon, Robespierre défendit Fouché aux Jacobins. Il est vrai qu’il l’accusa plus tard ; mais assailli de réclamations contre les agissements de Joseph Le Bon, il ne consentit jamais à les désapprouver. Un ami commun, Duquesnoy, écrivait de Paris à Le Bon : « J’étais à dîner avec Robespierre quand il a reçu ta lettre. Nous avons ri. Va ton train et ne t’inquiète de rien. La guillotine doit marcher plus que jamais. » 22 mai 1794. (Wallon : Les représentants en mission, et Paris, Histoire de Joseph Le Bon, sont les auteurs auxquels nous empruntons ces quelques exemples.)