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tiennent tiennent dans leur détail à l’histoire proprement dite ; mais nous devons les mentionner parce qu’ils furent tolérés ou inspirés par les autorités révolutionnaires et que cette indulgence pour le désordre est devenue chez certains auteurs récents presque une doctrine. On était en révolution ! disent-ils. — C’est répondre à la question par la question même.

Les pouvoirs publics en effet avaient entrepris la guerre

    instituée à Lyon aux autorités constituées du département (elle s’adresse d’abord aux riches en leur annonçant qu’ils auront à subir les sévérités du pouvoir) : « § ler… Vous n’avez jamais aimé le peuple, vous avez osé sourire à la dénomination de sans-culottes, vous avez eu du superflu à côté de vos frères qui mouraient de faim ; vous n’êtes pas dignes de faire société avec eux ; et puisque vous avez dédaigné de les faire siéger à votre table, ils vous vomissent éternellement de leur sein et vous condamnent à votre tour à porter les fers que votre insouciance ou vos manœuvres leur préparaient. § 3º. Taxe révolutionnaire sur les riches. C’est aux riches à fournir aux frais de la Révolution. Cette taxe doit être proportionnée aux grands besoins de la Patrie : ainsi vous devez (la commission s’adresse maintenant aux autorités) commencer par déterminer d’une manière grande et vraiment révolutionnaire la somme que chaque individu doit mettre en commun pour la chose publique… Agissez donc en grand, prenez tout ce qu’un citoyen a d’inutile, car le superflu est une violation évidente et gratuite des droits du peuple. Tout homme qui a au delà de ses besoins ne peut pas user, il ne peut qu’abuser… Il est nécessaire de suivre dans cette mesure une échelle graduée sur des proportions révolutionnaires : celui qui a 10, 000 livres de rente, par exemple, doit payer au moins 30, 000 livres. » Cette instruction est probablement de la main de Fouché.
    Arrêté pour la suppression de la misère signé par les représentants en mission à Lyon, Fouché, Albitte et Collot-d’Herbois : « 1º Tous les citoyens infirmes, vieillards, orphelins, indigents seront logés, nourris et vêtus aux dépens des riches de leur canton respectif les signes de la misère seront anéantis ; — 2º La mendicité et l’oisivité seront également proscrites, tout mendiant ou oisif sera incarcéré ; — 3º Il sera fourni aux citoyens valides du travail et les objets nécessaires à l’exercice de leur métier et de leur industrie ; — 4°Pour cet effet, les autorités constituées, de concert avec les comités de surveillance, lèveront dans chaque commune sur les riches une taxe révolutionnaire proportionnée à leur fortune et à leur incivisme jusqu’à la concurrence des frais nécessaires pour l’exécution des articles ci-dessus. » (Avant les lois de ventôse.)