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pouvaient lui paraître au 23 juin largement remplies par le décret des 3 et 6 du même mois qui, en offrant des facilités nouvelles aux acquéreurs des biens nationaux, réalisait le programme de la propriété à tous. Une série d’autres mesures que nous exposerons tout à l’heure allaient rendre toute déclaration constitutionnelle en faveur du droit des pauvres parfaitement inutile.

À mesure que se dissipait l’impression d’accablement causée sur le parti gouvernant par les insurrections du 31 mai et du 2 juin, la Convention reprenait conscience des nécessités politiques et tenait compte davantage de l’opinion des départements. Ainsi le 9 juin elle avait décrété en principe, « que tout homme qui n’a aucune propriété ne paye aucune contribution pour la jouissance de ses droits, » et « que l’absolu nécessaire à la subsistance des citoyens serait exempt de toute contribution. » Cette résolution avait été renvoyée au Comité de salut public « pour en faire un article dans la Constitution. » Le 17 juin, la proposition revint devant l’assemblée sur la motion de Levasseur. Robespierre la combattit ; il soutient qu’un citoyen exempté de tout impôt ne tarderait pas à perdre la jouissance de ses droits et serait réduit au rôle d’ilote, de parasite, dirions-nous, dans le corps politique. Il obtint que la Convention se déjugeât à huit jours d’intervalle. Mais ni Robespierre, ni la Convention n’abandonnèrent pour cela la théorie de l’assistance, écrite aussi dans le projet de Constitution. Il fut entendu que « le pauvre qui doit une obole pour sa contribution, la recevrait de la Patrie pour la reverser dans le trésor public. » Il paierait d’une main et toucherait de l’autre. Le comité, à qui avait été renvoyé le vote déclarant « que nul citoyen n’est dispensé de l’honorable obligation de contribuer aux charges publiques, » était fort en peine pour le concilier avec le vote précédent. Il se tira d’affaire en passant sous