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qui je parle soit dédommagée des sacrifices qu’elle est forcée de faire à la chose publique. Lorsqu’on assure des traitements aux représentants du peuple, aux juges, à des places de finances, lorsqu’on donne 25 millions au chef du pouvoir exécutif, pourquoi n’en donnerait-on pas à la partie intéressante des citoyens, lorsqu’elle sacrifie son temps et ses travaux ? » Ce langage et les applaudissements qui l’accueillaient aux Jacobins, mais surtout le fait allégué par Robespierre que la proposition avait déjà été faite à la Constituante et avait donné lieu à un rapport favorable[1], révèlent un état d’esprit général bien propre à expliquer la politique sociale de l’Assemblée législative et de la Convention. Le règne de l’Egalité allait commencer.


III


L’Assemblée législative poursuit le plan inauguré par la Constituante tendant à la multiplication des petites propriétés et par les mêmes moyens. Elle décrète l’abolition sans indemnité des redevances censuelles (août 1792). Elle présume que toutes les rentes dues à des nobles sont féodales et met la preuve du contraire à la charge du créancier ; or cette preuve était impossible dans la plupart des cas, surtout depuis que les paysans soulevés avaient brûlé les chartriers ou les châteaux (juin 1792). Elle met sous séquestre les biens de tous les émigrés indistinctement, aussi bien de ceux qui avaient fui sous le coup de menaces

  1. Peut-être Robespierre fait-il allusion à une pétition des électeurs de Seine-et-Oise, déposée dans la séance du 21 mai 1790. Archives parlementaires, t. XV, p. 648.