Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« commerce et des arts » est un oisif, dangereux à la république, le seul citoyen utile, le seul digne serviteur de l’Etat est le travailleur manuel dont le cultivateur est le type selon les idées du temps ; c’est l’homme antique, l’homme de la nature. Tout homme qui ne conduit pas la charrue est suspect. Il appartient à l’humanité déchue. « C’est un de ces hommes de nos jours, un Français, un Anglais, un bourgeois. Ce n’est rien ! » Faut-il dire que Jean-Jacques est le précurseur du sans-culottisme, ou qu’il en est le père ?


III


Telle est, dans ses grandes lignes et dans les principales phases de son développement, la doctrine que nous avons exposée pendant l’année dernière. Vous pouvez apprécier maintenant la vérité de ce que nous vous avons dit de son homogénéité et de sa continuité. Si le sentiment que nous en avons est juste, cette politique égalitaire, qu’on l’appelle socialiste ou autrement[1]si on lui refuse

  1. M. Aulard, rendant compte de la soutenance de thèses de M. Lichtenberger (Revue de la Révolution française du 14 juillet 1893, p. 89-90) s’exprimait ainsi « C’est sur ce point, qui est en somme l’essentiel de sa thèse, que la discussion a porté ; on a critiqué la définition que M. Lichtenberger donne du Socialisme, et surtout la façon dont l’auteur a appliqué cette définition aux écrits du xviiie siècle. Je lui ai reproché pour ma part de n’avoir appelé socialistes que ceux dont les critiques ou les systèmes pourraient s’appliquer à la société d’aujourd’hui. Je crois qu’il y a eu au xviiie siècle une question sociale, celle de la destruction de la propriété féodale et que par exemple la mise à la disposition de la nation des biens du clergé, c’était du socialisme tout comme le serait aujourd’hui la socialisation des mines ou des chemins de