Qu’on se souvienne que la question de l’hérésie, imputée à M. Newton, n’avait pas encore surgi. Ce ne fut qu’en 1847 qu’elle parut. De sorte que, pour des raisons secondaires, la scission complète des frères existait deux ans avant qu’il eût été question d’hérésie. Je vous donnerai tout à l’heure la traduction des sept motifs allégués par M. Darby pour justifier sa sortie de la primitive église des frères, celle de Plymouth. Ce que je voudrais vous faire remarquer ici, c’est le système de discipline qui a été pratiqué depuis lors parmi les frères. M. Darby s’étant séparé de M. Newton, de l’assemblée de Plymouth, ceux qui l’approuvaient commencèrent à voir de mauvais œil toute marque de sympathie donnée à cette fraction de l’assemblée de Plymouth qui resta attachée à M. Newton. En 1847 parut l’affaire de l’hérésie, puis le refus de l’assemblée de Béthesda, à Bristol, de juger et les écrits de M. Newton et l’assemblée de ce dernier en masse. Je vous fournirai des documents ayant trait à cette partie de la discipline. M. Darby prit sur lui le jugement de cette affaire, comme il avait pris sur lui de juger ce qu’il appelait le cléricalisme de M. Newton. Il publia une circulaire enjoignant aux frères de se séparer de Béthesda, de n’admettre aucun de ses membres à leur communion, sous peine d’être eux-mêmes exclus de la communion du corps. Vous savez, mes frères, ce qui en est résulté. Mais avez-vous jamais réfléchi aux principes admis par ceux qui pratiquent une telle discipline ?
Dès lors, tout a été changé parmi nous. Il n’était pas difficile de prévoir qu’on en viendrait à ériger sur les ruines de cette apostasie que quelques-uns se sont attachés à proclamer, un système de gouvernement plus despotique encore que ceux qui ont précédé. Cela a été fait au nom de la fraternité.
Ce qui n’était qu’une tendance est dès lors devenu un principe.
Lorsque tous peuvent s’attribuer de l’autorité, c’est le plus fort ou le plus hardi qui arrive au pouvoir, et cela sans contrôle.
Ne voulant rien des églises avec leurs conducteurs reconnus, on crée un système d’église universelle, avec un ou deux chefs. Peut-être ne vous en rendez-vous pas compte ; néanmoins, c’est ce que vous avez pratiqué depuis l’affaire de Plymouth et de Béthesda ; c’est ce que vous pratiquez encore à l’heure qu’il est. Parmi les autres dénominations de chrétiens, les églises sont toujours représentées par des conférences ou un synode ; le pape même s’entoure de ses cardinaux et de ses évèques ; mais vous, qui avez professé de croire à la présence du Saint-Esprit dans les assemblées, vous ne respectez nullement le jugement de ces as-