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répondre à ces accusations. D’ailleurs j’avais eu l’intention d’y retourner au printemps[1]. Mon appartement n’était pas même remis, et l’enfant d’un de nos frères, que nous avions placé provisoirement chez des amis à Yvorne, nous attendait pour rentrer de nouveau sous notre toit. D’ailleurs les chaleurs du midi m’obligent à quitter Cannes pendant la saison d’été. Je retournai en un mot chez moi, sans aucune intention d’occuper les assemblées de cette question, Dieu le sait.

Ma première demande à frère Burnier, lorsqu’il m’eut fait part des choses graves qui se préparaient, fut : « Suis-je accusé officiellement ? » À sa réponse négative, je dis : « Je prends donc ma place, comme quand je suis parti. » La première réunion fut une réunion de prière. Je lus le 17Me  chapitre de l’Évangile de Jean, sans exposition quelconque. À la fin de la réunion, un frère se leva pour m’accuser d’avoir quitté les frères. Ce fut le commencement d’une longue et pénible discussion qui dura jusqu’à minuit. Bien loin que les difficultés se fussent aplanies dans cette discussion, elles avaient augmenté, de sorte que, dans un but de paix, je dis aux frères que puisque j’étais accusé, je ne pourrais pas me présenter à la table du Seigneur ; que j’assisterais aux autres réunions comme auditeur, mais que pour éviter des sentiments pénibles à tous, nous ne nous présenterions pas à la réunion de la sainte cène, le culte du matin, jusqu’à leur décision dans cette affaire. Les frères d’Aigle me surent gré de cette conduite, et si les frères influents d’autres assemblées ne s’étaient pas présentés aux longues discussions qui suivirent ce premier entretien, le résultat, quant à l’immense majorité de l’assemblée, n’eut pas été douteux. On n’aurait fait aucune difficulté.

Mais on insistait depuis le dehors, et sous cette contrainte l’assemblée d’Aigle m’adressa, ainsi qu’à mon épouse, une lettre d’avertissement et d’exhortation, lettre fort modérée, et même affectueusement fraternelle quant à la forme, mais on nous fit connaître en même temps ce qui suit : « Les frères ont été unanimes pour reconnaître que vous avez gravement manqué en vous associant avec des personnes qu’ils ne pourraient pas recevoir au milieu d’eux. Ils ont été unanimes aussi pour vous demander de le reconnaître avec eux, en vous priant de réfléchir aux graves conséquences qui pourraient résulter pour le témoignage en Suisse, si vous veniez à persister dans la voie dans laquelle vous

  1. Je donne ces détails uniquement dans le but de faire comprendre que la pensée de faire la guerre aux frères n’existait pas chez moi.