Page:Esope trad Corrozet.djvu/280

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estant ottroyée et accordée à la requeste des Samiens, il accomplit sa prediction et divination: car il avoit au paravant dit à son maistre qu’il seroit délivré quelque jour, maugré luy. Quant au prodige de l’anneau, il dit que dans peu de jours il y auroit un roy d’estrange païs, lequel leur osteroit leur liberté. Ce qui ne tarda gueres, c;ir il advint qu’ils receurent incontinent lettres de Cresus, roy de Lydie, par lesquelles leur demandoit argent, laquelle chose les Samiens ne voulurent accorder, suyvans le conseil d’Esope. Et avant toutes choses, après ce, le Roy demanda Esope, et Esope dit aux Samiens ceste fable: Les loups ont dénoncé la guerre aux lièvres; les lièvres requièrent les chiens à leur aide. Les loups accordent et font paix, sous telle condition que les chiens leur seront donnés en garde; quoy faict, après ils courent sur les lièvres. Et en fin Esope s’en alla vers Cresus, bien que les Samiens n’en fussent consentans; et illec estant parvenu, fut receu honnorablement, et luy fit on plusieurs beaux dons. Et avec ce, il impetra liberté aux Samiens, en recompense de quoy il dédia ses fables audit Cresus. Et estant retourné, à la grand’joyeet consolation des Samiens, peu de jours après il s’en alla en Babylone, vers Lycurgus, roy des rois, auquel il apprint le moyen de pouvoir entendre et interpreter les énigmes et sentences obscures, et certes, en ce temps là, ceux d’Orient estoyent en ce tressçavans, à cause de quoy imposoyent tailles et tributs à ceux qui ne sçavoyent entendre iceux énigmes. Esope, estant un jour accusé envers le roy, et ce par le moyen d’un homme nommé Ennus, lequel ledit Esope avoit prins