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VIE d'ESOPE 257

thus derechef l'interrogua, en luy demandant qu'il sçavoit faire : à quoy Esope respondit qu'il ne sçavoit rien. De laquelle response estant estonné Xanthus, Esope dit : « Veu que les serviteurs lesquels lu as interrogué devant que moy disent qu'ils sçavent toutes choses, ils ne m'ont laissé aucune chose à sçavoir. » Derechef, Xanthus luy dit : « Veux-tu que je t'achette? » Esope respond: « Tu n'as besoin de mon conseil en cela. » Lors Xanthus: « Si je t'a- chette, t'en voudras-tu enfuir? » Esope, riant, respond : «Si j'ay envie de ce faire, je n'en prendray jà ton conseil. — Tu dis bien, dit Xanthus, mais tu es laid. » Esope respond: « Il faut regarder l'es- prit, Monsieur le Philosophe, et non pas le visage » Un jour advint qu'on proposa une question, laquelle estoit telle: Pourquoy est-rc que les choux prov^nans nalurdhmcnt et à leur volonté croissent plus tost que ceux quon plante? Xanthus disoit que cela venoit par providence; à quoy Esope amena une comparaison de la marastre, laquelle nourrit les enfans d'une estrange femme aussi à mal gré et contre son vou- loir, que la terre produit semences d'estranges païs. On luy commanda de faire cuire quatre pieds de pourceau, lesquels on avoit achetez; mais le maistre, pour le tromper, luy en desrobba un: cecongnoissant Esope, il couppa le pied d'un pourceau, lequel on nourrissoit en la maison. Le maistre, voyant qu'on avoit mis un pied au lieu de celuy qu'il avoit caché, dit en telle sorte : « Ce pourceau avoit-il cinq pieds ? » A quoy Esope respondit: « Non, mais deux pour- ceaux en ont bien huict, et certes les autres sont demeurés sains et sauves à ton porc. >» On com-

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