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iii
INTRODUCTION.

se sont élevés à l’opulence, exemple frappant et preuve incontestable de l’utilité du commerce, et il ajoute : « Comme les côtes de la Manche servent de barrière à l’Angleterre, en Europe, la Providence veut aussi que nos colonies se dressent en face de ses possessions dans la mer des Indes orientales, afin de faire un contrepoids à sa toute-puissance maritime dans l’intérêt du monde entier et sans, pour cela, avoir l’intention de lui faire du mal. Au moins, faut-il être en état de refréner son ambition et, au besoin, lui donner un contre-coup près du cœur, quand elle voudrait faire quelques entreprises sur la France. » « La seule France, écrit-il enfin, a jusqu’à présent négligé le commerce, bien qu’elle puisse le faire aussi commodément que ses voisins. » Richelieu conclut ainsi : « Tout démontre donc l’indispensable utilité de favoriser le commerce maritime et surtout celui au long cours. Pour cela, il faudrait faire de bons établissements coloniaux et y envoyer des vaisseaux, ainsi qu’ont fait les Portuguès, les Anglais et les Flamands. »

Après avoir lu les extraits que nous venons de donner du Testament politique de Richelieu, le lecteur jugera, comme nous, qu’on ne saurait préciser avec plus de sens politique les devoirs de tout gouvernement soucieux des intérêts de la France. Le grand ministre fait une question de salut pour nous et non pas seulement un avantage de l’extension de notre marine alimentée par des entreprises commerciales. C’est par suite de ces principes et joignant l’exemple au précepte que Richelieu créa la Compagnie des Indes, sur le modèle de celle que, dès le commencement du dix-septième siècle, l’Angleterre et la Hollande avaient fondée dans l’extrême Orient. C’est également pour consacrer ses principes par ses actes, que ce grand ministre, peu de temps avant sa mort, ordonna l’occupation par la France de l’île de Madagascar.