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INTRODUCTION.


Ingens pateat tellus !
(Sénèque, Médée)


L’un des grands fondateurs de la nationalité française, l’un de ceux qui ont concouru le plus efficacement à notre grandeur, Eichelieu, nous a tracé, dans son Testament politique, la voie dans laquelle notre pays doit se maintenir, sous peine de déchéance, en ce qui touche sa politique maritime et coloniale. Il pose en principe cet axiome fondamental que pour être une puissance continentale, il faut que la France soit une puissance maritime, sa frontière de mer étant aussi considérable que sa frontière de terre. Il montre, sans hésiter, aux Français qu’ils peuvent aussi bien être envahis par mer que par terre. « En effet, dit-il, si la France n’était pas puissante en vaisseaux, l’Angleterre pourrait entreprendre à son préjudice ce que bon lui semblerait, sans crainte de retour. Elle pourrait empêcher nos pêcheries, troubler notre commerce ; elle pourrait descendre impunément sur nos côtes. Elle pourrait tout oser, lorsque notre faiblesse nous ôterait tout moyen de rien entreprendre à son préjudice. » « Et, cependant, dit le grand ministre, il semble que la nature ait voulu offrir l’empire de la mer à la France par l’avantageuse situation de ses deux côtes également pourvues d’excellents ports aux deux mers Océane et Méditerranée. »

Quand Richelieu traçait ce programme de grande et prévoyante politique, il savait que dans le passé, l’Anglais